La trufficulture a pris son essor au début du 19ème siècle. Grâce à Joseph Talon, qui vers 1810, près d’Apt dans le Vaucluse, eut la fameuse idée de planter des glands ramassés sous des chênes truffiers. Pour cette idée Joseph Talon est considéré comme le père de la trufficulture moderne.
De nombreux récoltants imitèrent cette pratique, plantant plusieurs milliers d’arbres truffiers notamment dans le sud-est. Ce développement fût largement favorisé par la crise que traversait la viticulture française. En effet vers 1880 le vignoble national était dévasté par le phylloxéra. Or les sols calcaires et bien exposés des différents vignobles conviennent parfaitement à la délicate culture de la truffe noire.
C’est ainsi qu’en 1890 dans le seul département du Vaucluse, on récoltait 380 tonnes de truffe noire soit 300 tonnes de plus que la production française actuelle.
L’histoire économique mondiale fut marquée par la révolution industrielle de la fin du 19ème siècle. La trufficulture également. L’exode rural inhérent à la Révolution Industrielle dépeupla les campagnes. Faute d’entretien et à cause de la raréfaction des troupeaux d’élevage, le milieu forestier se ferma peu à peu. Les pertes humaines liées à la première guerre mondiale accentuèrent la désertification rurale et la disparition de savoirs ancestraux (mode de culture, connaissance des sols, des saisons…).
A partir du traité de Rome de 1956, l’Europe se fixe l’objectif de l’autosuffisance alimentaire ce qui entraîne une révolution agricole. Les cultures intensives, la mécanisation à outrance, l’usage intensif d’engrais chimiques et de désherbants ont rompu le fragile équilibre écologique favorable à l’épanouissement de la truffe.
Ainsi de la fin du 19ème siècle aux années 1970 on assiste à un épuisement de la production truffière française et mondiale.
Le déclin de production depuis le début du XX° siècle était tellement important que dans les années 70 la truffe était considérée comme une espèce en voie d’extinction.
A partir de 1970, le monde trufficole français s’organise. A cette époque personne ne vit exclusivement de la récolte de truffes mais les revenus complémentaires résultants de cette activité suscitent des intérêts. Cette redécouverte du diamant noir est accompagnée par la mise en place d’importantes recherches scientifiques visant à percer les secrets de la truffe.
L’INRA vint au secours de la filière trufficole en totale déliquescence. Les différentes recherches scientifiques ont permis de mettre au point le plant mycorhizé. Malheureusement les premiers essais n’ont pas été convaincants. La reprise des plants était difficile voire impossible et les investissements étaient irrémédiablement perdus.
Mais après plusieurs mises au point techniques, le procédé développé par l'INRA montre des premiers résultats satisfaisants. La technique développée en 1979 par Chevalier et Grente, dont nous détaillerons les impacts sur le volume de production dans le paragraphe suivant, faisant suite aux travaux de l’INPL (istituto nazionale per le piante da legno) et de l'université de Turin peut être résumée et expliquée de la façon suivante. Elle « consiste à apporter l'inoculum sous forme de préparation à base de spores de truffes, obtenues par broyage de corps fructifères mûrs, mises au contact des racines de jeunes plantes exemptes de mycorhizes ».
Un nouveau problème survint : la concurrence entre les spores de tuber melanosporum et ceux de la tuber brumale, une espèce de truffe semblable à la truffe noire du Périgord mais à l’odeur et à la saveur beaucoup moins appréciées. La perte de revenu est considérable puisque la tuber brumale se négocie aux alentours de 150 € le kilo contre 600 € minimum pour la tuber melanosporum, la truffe noire du Périgord.
Afin d’annihiler ces désagréments, les plants vendus sous contrôle INRA ou CITFL sont méticuleusement et unitairement vérifiés pour garantir une production de truffe noire du Périgord. Ainsi chaque plant mycorhizé acheté est exclusivement porteur de spores de tuber melanosporum.
Ces avancées scientifiques sont appuyées depuis les années 1980 par des aides et subventions (départementales, régionales, nationales et européennes). Ces efforts ont permis la sauvegarde de la truffe noire du Périgord, un temps menacée d’extinction mais sont encore loin de combler une demande croissante.